Lucas a troqué la salle de rédaction pour une boutique de fromage. Un choix audacieux, réfléchi et assumé, qui illustre parfaitement la quête de sens professionnelle que vivent de nombreux trentenaires aujourd’hui. Voici son histoire de reconversion en fromager.
Dix ans de journalisme passionné
Lucas a 36 ans. Avant de devenir crémier-fromager à Paris, il a été journaliste pendant une décennie. Diplômé de Sciences Po avec une spécialisation en journalisme, il commence sa carrière à LCI, où il travaille pendant trois ans. À 23 ans, il vit déjà le rythme soutenu de l’information en continu : longues journées, éditions spéciales, charge émotionnelle forte. Il enchaîne ensuite quatre ans à VSD pour y développer l’édition web, puis rejoint Télé-Loisirs, où il occupe plusieurs postes en digital.
Malgré une carrière riche et sans « galère », Lucas ressent une usure. « Je me voyais un peu comme quelqu’un de planqué, avec du confort mais sans défi. »
Covid et télétravail : le déclic de la reconversion
Le basculement vient pendant le Covid. « Ce qui faisait le sel du métier disparaît. Je suis derrière un écran, plus sur le terrain. »
Au moment du rachat de son groupe par Vivendi, il utilise la clause de cession pour partir avec une indemnité. Pas de pression financière, pas de charges familiales. Il entame un bilan de compétences, financé par son CPF.
La reconversion vers la fromagerie surgit d'un livre
Luca n’avait jamais imaginé travailler dans une fromagerie. Mais un livre va tout changer : La révolte des premiers de la classe. « Il y avait un chapitre sur les journalistes qui se reconvertissent dans la crémerie. Ça m’a percuté. »
Il décide de se lancer dans une reconversion vers la fromagerie, avec une volonté de concret, de contact humain, et de service. Il suit une formation au CIFCA à Paris, spécialisé dans les métiers de bouche. « C’était très complet, et très adapté à la reconversion. »
Une reconversion réussie (mais réfléchie)
Aujourd’hui, Lucas travaille dans une boutique du marché Saint-Quentin, dans le 10ème à Paris. Il coupe, vend, conseille, monte des plateaux, gère les stocks et les livraisons. « C’est physique, mais je vois pas le temps passer. »
Son salaire a diminué. Il compense avec les aides Pôle emploi, et a déménagé pour réduire ses charges. Il assume : « C’est un salaire décent si on ajuste son mode de vie. »
Ce qu’il aime par-dessus tout ? Le lien humain. « On crée du lien de quartier. On apporte du plaisir aux gens. »
Ouvrir sa propre fromagerie : l'étape d'après
Lucas ne s’arrête pas là. Il se forme aux aspects économiques du métier et envisage de reprendre une boutique. Son patron le soutient dans ce projet. « J’espère y arriver d’ici deux ou trois ans. »
Ce qu'il dirait à ceux qui hésitent se reconvertir
« Restez ouvert et disponible mentalement. Tout est bon à prendre. Faut surtout pas s’enfermer pour une question de statut ou de regard des autres. Le maître mot, c’est de réussir à s’affirmer dans ce qu’on aime et ce qu’on veut. Et quand bien même ce serait un métier pas du tout reconnu, si c’est celui qui vous plaît, faites-le ».
Vous pensez à une reconversion dans la fromagerie ? Le parcours de Lucas montre qu’il est possible de changer, à condition d’être bien accompagné et de poser les bases d’un projet solide. Le bilan de compétences peut être une étape clé.
🎙 Retrouvez Lucas dans l’épisode du podcast Ma Rêv’olution Pro sur marevolutionpro.com