Quitter un CDI d’ingénieure pour reprendre 5 ans d’études à 40 ans ? C’est le pari audacieux qu’a fait Lauraine il y a 8 ans. Aujourd’hui ostéopathe épanouie, elle nous raconte sans filtre les défis, les doutes et les joies de sa reconversion professionnelle radicale.
Introduction : Quand la crise de la quarantaine devient un nouveau départ
À 40 ans, alors qu’elle menait une carrière confortable d’ingénieure et chef de projet en informatique, Lauraine a fait un choix qui a surpris tout son entourage : tout quitter pour devenir ostéopathe. Aujourd’hui, à 48 ans et deux ans et demi après son diplôme, elle ne regrette absolument rien.
Son témoignage est précieux car la reconversion en ostéopathie fait fantasmer de nombreuses personnes en quête de sens, mais peu osent franchir le pas face aux contraintes : 5 années d’études à temps plein, un investissement de 40 000 à 45 000€, et aucun revenu pendant la formation.
Dans cet article, découvrez le parcours complet de Lauraine, de la prise de conscience à l’installation en cabinet, avec tous ses conseils pour réussir une reconversion vers l’ostéopathie.
Pourquoi quitter une carrière d’ingénieure en informatique ?
La quête de sens à 40 ans
« Je me suis demandé à quoi je sers dans la vie. Les valeurs de l’entreprise n’étaient pas en adéquation avec les miennes. J’avais envie de m’occuper des personnes plutôt que des ordinateurs. » – Lauraine
Après 20 ans de carrière dans l’informatique, Lauraine traverse ce que beaucoup appellent la crise de la quarantaine. Mais plutôt que de l’ignorer, elle décide d’écouter ce questionnement profond sur ses valeurs et son utilité.
L’élément déclencheur : un entretien d’évaluation désastreux
La goutte d’eau qui fait déborder le vase ? Un entretien d’évaluation annuel particulièrement injuste, juste après avoir mené avec succès un projet d’envergure. Lorraine quitte littéralement la salle, choquée par les reproches qu’elle juge infondés.
Ce moment difficile devient paradoxalement le catalyseur de sa transformation : « C’est là où je me suis dit qu’il fallait vraiment que je fasse autre chose. »
Comment l’ostéopathie s’est imposée comme évidence
Un rêve d’enfance revisité
Petite fille, Lauraine rêvait de devenir médecin. Mais une peur panique des piqûres et du sang l’en avait détournée. Elle avait alors suivi la voie tracée par ses parents : l’école d’ingénieur.
La rencontre déterminante avec son ostéopathe
Alors qu’elle consulte en ostéopathie pour elle-même, sa praticienne lui glisse une phrase qui va tout changer : « Vous savez, ça s’apprend. »
Cette simple remarque fait son chemin. L’idée de pouvoir soigner des patients uniquement avec ses mains la fascine. Elle trouve cela « magique » et commence ses recherches.
La validation du projet
Lauraine ne se lance pas tête baissée. Elle :
- Échange longuement avec des ostéopathes installés pour comprendre la réalité du métier
- Utilise le livre « Business Model You » pour clarifier ce qu’elle aime et n’aime pas faire
- Vérifie que les écoles acceptent les personnes de 40 ans (bonne nouvelle : oui !)
L’ostéopathie s’impose comme une évidence, en parfait alignement avec ses valeurs d’utilité et de relation humaine.
Les freins majeurs d’une reconversion en ostéopathie
1. Le coût financier colossal
Budget total : 40 000 à 45 000€ sur 5 ans
C’est le premier obstacle de taille. Les écoles d’ostéopathie sont privées et coûtent entre 8 000 et 10 000€ par an. Pour Lorraine, la solution a été :
- Puiser dans les économies du couple
- S’appuyer financièrement sur son mari pendant toute la durée des études
« C’était un gros, gros frein. Mon mari gagne bien sa vie et était pour le projet, donc je savais que je pouvais compter sur lui. »
2. Cinq ans d’études à temps plein = zéro revenu
Contrairement à certaines formations, impossible de travailler en parallèle. Les études d’ostéopathie exigent une présence à temps plein, avec :
- Des cours théoriques intensifs
- Des travaux pratiques
- Une clinique interne à partir de la 4e année
- Très peu de vacances (sauf l’été les 3 premières années)
Impact sur le budget familial pendant 5 ans : à anticiper absolument.
3. Reprendre le rythme étudiant à 40 ans
« Remettre le cerveau en route, retrouver les périodes de révision, de devoirs, faire face au stress des examens… j’avais un petit peu passé l’âge quand même ! »
Les défis concrets :
- Réviser pendant les week-ends et les vacances
- Gérer une charge de travail croissante (contrairement à ce qu’elle pensait, ce n’est pas la 2e année la plus dure, mais un crescendo jusqu’à la 5e)
- Affronter le stress de la clinique en 4e et 5e année : peur de mal faire, de ne pas savoir
Ce qui l’a aidée :
- Sa motivation profonde
- Des techniques comme l’EFT et la méditation pour gérer le stress
- Le soutien des enseignants
- Ne jamais perdre de vue ses objectifs
4. Le regard des autres
Les réactions de l’entourage :
- Ses parents : inquiets, ils « ont retenu leur respiration » (pour leur génération, on fait carrière au même endroit pendant 30 ans)
- Ses amis : mélange d’admiration et de « mais tu es folle de reprendre 5 ans d’études ! »
- Son mari et ses enfants (9 et 13 ans) : soutenants, et c’est l’essentiel
« Mon entourage me disait que j’étais complètement folle, mais moi ça ne me faisait pas peur. Je pense que je n’ai pas trop réfléchi, parce que si j’avais trop réfléchi, je ne me serais peut-être pas lancée. »
La réalité des études d’ostéopathie
Une promotion de jeunes… et 2 reconversions
Sur 43 étudiants au départ de sa promotion, Lorraine et une autre personne seulement étaient en reconversion. Loin d’être un handicap, son âge est devenu un atout :
- Ses camarades l’ont surnommée « maman » (elle avait toujours Kleenex, pansements, etc.)
- L’ambiance était bienveillante
- Les enseignants ont apprécié son vécu et sa maturité
Un contenu passionnant mais intense
Ce qui a plu à Lauraine :
- Les cours de médecine (nécessaires car l’ostéopathe est un professionnel de première intention)
- L’anatomie
- Le fonctionnement du corps humain
- La progression vers la pratique en clinique
Ce qui a été difficile :
- La masse de travail constante
- Le stress de l’entrée en clinique (4e année)
- La peur de mal faire, de faire mal aux patients
- L’intensité qui va crescendo jusqu’à la 5e année
« C’est passionnant. C’est ce qui m’a fait tenir. Mais il faut oublier les week-ends et les vacances. »
L’installation professionnelle : un cas de chance
Trouver sa place sur un marché saturé
La réalité du marché de l’ostéopathie en France :
- Beaucoup, beaucoup d’ostéopathes partout
- Concurrence rude
- Difficulté à se faire une patientèle au début
- Nécessité de trouver où s’installer
Le coup de pouce providentiel
Lauraine a eu une chance incroyable : un professeur extraordinaire rencontré pendant ses études lui a proposé de travailler dans son cabinet dès l’obtention de son diplôme.
Sa situation aujourd’hui (2 ans et demi après le diplôme) :
- Cabinet partagé avec 6 ostéopathes
- Interventions en maternité auprès de nouveau-nés et jeunes mamans
- Patientèle déjà établie
« Contrairement à d’autres, je n’ai pas galéré pour m’installer. C’était vraiment un atout chez moi, le fait d’avoir du vécu. »
Les joies du métier d’ostéopathe
Ce qui comble Lauraine au quotidien
« C’est de soulager mes patients. Quand on arrive à redonner le sourire aux patients, aux jeunes mamans, ça vaut de l’or. »
Moments forts qu’elle évoque avec émotion :
- Une puéricultrice qui lui dit qu’elle a « des petits doigts de fée » et qu’elle sauve des allaitements
- Un bébé prématuré nourri à la sonde qui, après une séance, a pu prendre son premier biberon (sa maman a pleuré)
- La reconnaissance des équipes soignantes en maternité
L’atout de la maturité
Son expérience de vie est devenue un véritable atout professionnel :
- Elle comprend les contraintes de ses patients (entreprise, famille, enfants)
- Elle se met plus facilement à leur place qu’un jeune diplômé de 25 ans
- Son empathie, sa capacité d’écoute et sa bienveillance sont renforcées par son vécu
« Le fait d’avoir été maman, d’avoir travaillé en entreprise, d’avoir du vécu, ça m’aide à comprendre les contraintes de mes patients. »
C’est d’ailleurs ce profil mature que son professeur est venu chercher en la recrutant.
Bilan : aucun regret, malgré les défis
Le verdict, 8 ans après avoir tout quitté
« Je ne regrette strictement rien. Quel beau métier ! Quand je vois mes anciens collègues qui sont toujours au même poste, avec les mêmes ennuis… je me dis que j’ai bien fait. »
Ce qu’elle retient :
- 5 ans d’études, c’est long, mais « bizarrement c’est passé hyper vite »
- Tout n’a pas été rose (fatigue, cheveux blancs !)
- Mais le résultat en vaut largement la peine
- L’épanouissement professionnel n’a pas de prix
Les 3 conseils de Lauraine pour réussir sa reconversion en ostéopathie
1. Vérifier que c’est une motivation profonde
Avec le marché saturé, il faut être sûr de son choix.
Comment le vérifier :
- Échanger longuement avec des ostéopathes installés
- Comprendre la réalité du métier (pas que les beaux côtés)
- S’assurer que cela correspond à un besoin d’épanouissement profond
- Faire des exercices d’introspection (comme le livre « Business Model You »)
2. Bien choisir son école
Critères essentiels :
- Formation de 5 ans minimum
- École reconnue
- Programme incluant de la médecine
- Mise en pratique progressive (clinique interne)
Lauraine insiste sur ce point : toutes les écoles ne se valent pas, et la qualité de la formation fera la différence.
3. S’assurer du soutien familial
« Je n’y serais jamais, jamais arrivée toute seule. Le soutien moral et financier de ma famille ont été déterminants. »
Points à discuter en famille :
- L’investissement financier (40-45 000€)
- L’absence de revenus pendant 5 ans
- La disponibilité réduite (études prenantes)
- L’impact sur l’organisation familiale
Sans un accord et un soutien solides, la reconversion sera très difficile.
Reconversion en ostéopathie : faisable, mais pas pour tout le monde
Ce qu’il faut pour réussir
Les ingrédients du succès selon Lauraine :
- ✅ Motivation profonde (pas juste une envie passagère)
- ✅ Solidité financière (épargne + revenus du conjoint ou autre source)
- ✅ Soutien familial inconditionnel
- ✅ Capacité à gérer le stress et la charge de travail
- ✅ Qualités humaines : empathie, écoute, bienveillance
- ✅ Détermination et persévérance
- ✅ Soif d’apprendre
Les profils pour qui c’est compliqué
Attention si vous êtes dans ces situations :
- ❌ Seul(e) à assumer les revenus du foyer
- ❌ Sans épargne suffisante
- ❌ Avec de jeunes enfants nécessitant beaucoup de présence
- ❌ Avec une motivation superficielle
- ❌ Sans réseau pour faciliter l’installation
Le message d’espoir de Lauraine
« Ce n’est pas facile, mais c’est faisable. On peut y arriver. Et au final, quel beau métier ! »
Son parcours prouve qu’il n’est jamais trop tard pour se reconvertir, même dans un domaine qui exige de longues études. À 40 ans, elle a osé reprendre le chemin de l’école et aujourd’hui, elle s’épanouit dans un métier qui a du sens.
Sa plus belle récompense ? Voir le sourire revenir sur le visage de ses patients. Savoir qu’elle fait une différence concrète dans leur vie. Utiliser ses mains pour soulager et soigner.
FAQ : Vos questions sur la reconversion en ostéopathie
Quel est le coût total d’une formation d’ostéopathe ?
Entre 40 000 et 50 000€ pour 5 ans d’études (environ 8 000 à 10 000€ par an selon les écoles).
Peut-on travailler pendant les études d’ostéopathie ?
Non, les études sont à temps plein et ne permettent pas de travailler en parallèle, surtout à partir de la 4e année avec la clinique interne.
À quel âge peut-on devenir ostéopathe ?
Il n’y a pas de limite d’âge. Les écoles d’ostéopathie acceptent les candidats de tout âge, même en reconversion à 40, 50 ans ou plus.
Combien de temps durent les études ?
5 ans minimum pour obtenir le diplôme d’ostéopathe reconnu.
Est-ce difficile de s’installer comme ostéopathe ?
Oui, le marché est très saturé en France. Il est essentiel de :
- Se créer un réseau pendant les études
- Bien choisir sa zone d’installation
- Peut-être commencer en collaboratif plutôt qu’en installation pure
Quelles qualités faut-il pour être ostéopathe ?
- Empathie et capacité d’écoute
- Bienveillance
- Habileté manuelle
- Capacité à gérer le stress
- Intérêt pour le corps humain et la médecine
- Bonnes capacités relationnelles
Faut-il obligatoirement avoir fait médecine avant ?
Non, aucun prérequis médical n’est nécessaire. Les cours de médecine sont intégrés à la formation d’ostéopathe.
Conclusion : Oser le changement avec lucidité
Le témoignage de Lauraine est à la fois inspirant et réaliste. Elle ne cache rien des difficultés : le coût, la durée, l’intensité des études, le marché compliqué. Mais elle partage aussi l’immense satisfaction d’exercer enfin un métier en accord avec ses valeurs.
La reconversion en ostéopathie n’est pas pour tout le monde, et c’est important de le dire. Mais si vous avez :
- Une motivation profonde
- Les ressources financières nécessaires
- Le soutien de vos proches
- La détermination d’aller au bout
Alors oui, c’est faisable. Lorraine en est la preuve vivante.
Comme elle le dit si bien : « Je pense que je n’ai pas trop réfléchi, parce que si j’avais trop réfléchi, je ne me serais peut-être pas lancée. » Parfois, il faut savoir écouter son intuition et fermer les yeux pour foncer.
Ressources pour aller plus loin
📚 Livre recommandé par Lorraine :
- « Business Model You » – Pour s’orienter professionnellement de manière ludique