Je suis toujours étonnée de constater à quel point nous nous créons parfois nous-mêmes nos propres difficultés. Watzlawick avait écrit en son temps un petit livre très intéressant sur le sujet: « Faites vous-même votre malheur ». J’en ai eu, dernièrement, plusieurs exemples autour de moi qui m’ont permis de comprendre comment le mécanisme se mettait en place.
- La personne se dit qu’elle devrait agir de telle manière parce qu’elle a l’impression que c’est ce que ferait son entourage: famille, amis ou collègue, dans le contexte où elle se trouve, que c’est la réaction « attendue ».
- Elle n’arrive pas à passer à l’action.
- Elle pense qu’elle est anormale et s’exhorte alors un peu plus à agir.
- Elle n’arrive toujours pas à passer à l’action.
- Elle s’en veut, elle culpabilise et sa confiance en elle diminue. Elle commence à penser tout un tas de choses horribles sur son compte.
- Elle en parle à son entourage, demande des conseils.
- Elle n’arrive toujours pas à passer à l’action.
- Elle s’exhorte alors davantage, en parle toujours plus. Sans aucun succès.
Et voilà comment elle est devenue malheureuse. Parce qu’elle avait décidé un jour, en se basant sur des observations extérieures, qu’elle devait se comporter d’une certaine façon. Jusque-là, elle n’avait jamais eu l’idée de chercher un nouveau poste, mais voilà qu’elle commence à se dire qu’elle aussi devrait changer, que ce n’est pas normal de rester dans une entreprise aussi longtemps et donc qu’elle doit démarrer ses recherches.
Prenons un exemple. Une femme d’une quarantaine d’années est en poste depuis une dizaine d’années dans la même entreprise. Elle aime son travail et se sent plutôt bien dans sa vie. Soudain, plusieurs personnes voient leur vie professionnelle se modifier autour d’elle: son mari obtient une promotion, sa meilleure amie change de voie, son collègue se fait débaucher par l’entreprise concurrente.
Le cercle infernal est lancé.
Chaque matin, elle se lève en se disant qu’elle va le faire, et chaque soir en se couchant, elle culpabilise car elle a eu des dossiers plus importants à terminer, les enfants à emmener chez le médecin et un tas d’autres urgences à gérer. Elle se trouve nulle, ne comprend pas pourquoi elle procrastine, c’est sûr demain, elle se prend en main. Mais demain non plus, elle n’y parvient pas. Elle appelle sa sœur, lui raconte qu’elle « doit changer » d’entreprise, mais voilà elle n’arrive même pas à commencer ses recherches. Comment peut-elle espérer trouver un nouvel emploi ?! Elle est vraiment une incapable ! Elle demande des conseils à son meilleur ami, regarde des Tedx sur Youtube pour se motiver, mais rien ne change. Pourtant, elle sait très bien par quoi elle devrait démarrer et vraiment, ce n’est pas si compliqué. Tous les autres y arrivent en plus.
Son injonction « Je dois changer de travail » devient une source d’angoisse de plus en plus importante. Sa confiance en elle est en chute libre.
Elle se trouve coincée dans une spirale infernale où plus elle veut, moins elle y arrive, plus elle se sent mal.
Le seul moyen de sortir de cette spirale serait de réaliser qu’en réalité: elle aime son job, elle n’a pas du tout envie d’en changer et par conséquent, pas besoin d’entreprendre des recherches. L’angoisse s’envolerait et le sourire reviendrait ! Un problème qui n’aurait jamais dû exister serait résolu !
Vous vous sentez pris au piège d’une situation similaire ?
Comment s’en sortir ?
La première étape consiste à vous demander d’où viennent les injonctions qui tournent en boucle dans votre tête, les « Il faut… » « Je dois… » que vous n’arrivez pas à mettre en place. Qui dit ça ? Est-ce que c’est quelque chose que vous souhaitez ? Que vous désirez pour vous-même ? Ou est-ce quelque chose qui vient de l’extérieur ? Parce que vous pensez que c’est ce qu’il faut faire, parce que vous auriez l’impression d’être dans la « norme » ?
Si c’est le cas, respirez calmement pendant quelques minutes, connectez-vous à vous-même et posez-vous la question: « Est-ce vraiment ce dont j’ai envie ? »
Si la réponse est non, libérez-vous de ces injonctions et recentrez-vous sur vos propres besoins.