Formateur en Ennéagramme et permaculteur sur l’Ile-de-Ré, Xavier Mounier à 38 ans, a trouvé son épanouissement entre terre et spiritualité. Responsable commercial en énergies renouvelables, il a tout quitté, après une perte d’audition soudaine, pour rénover une maison alors qu’il n’avait jamais tenu un outil de sa vie. De là, il a gagné sa liberté financière qui lui a permis ensuite de tracer son chemin avec comme seul guide son intuition. Il nous raconte, dans cette interview, son parcours, les risques qu’il a pris et l’équilibre qu’il trouve à présent dans ces deux activités.
Comment a démarré ta vie professionnelle?
J’ai été, pendant six ans, commercial, puis responsable commercial pour une entreprise qui concevait des systèmes pour chauffer et rafraîchir les maisons avec des énergies renouvelables.
En quoi consistait précisément ton métier?
Nous étions contactés par des particuliers et des professionnels du bâtiment pour réduire leurs consommations d’énergie. Les entretiens duraient parfois 4 h pour comprendre leur projet et trouver la solution la plus efficace. Au bout de deux ans, je suis devenu responsable commercial. J’avais une petite équipe à manager et j’aimais ça autant que le produit qui était innovant. Ce fut une belle période de ma vie professionnelle. J’avais la conviction que nous allions révolutionner le monde de l’énergie.
Mais tu en es parti?
Oui, parce que j’y ai laissé quelques plumes. Je me déplaçais beaucoup en voiture, et j’étais tout le temps à 300 à l’heure. Il y avait des mois où je dormais plus de la moitié de la semaine à l’extérieur. C’était à la fois stimulant et trop intense. J’avais aussi énormément de pression liée à la gestion de l’équipe commerciale et l’atteinte des objectifs. Je prenais très à cœur ces difficultés.
Au bout de cinq ans, mon oreille droite a explosé. J’ai perdu plus de 90 % de l’audition, du jour au lendemain, avec un acouphène permanent. Une cocotte minute. J’ai fait tous les tests, et les médecins m’ont dit que ça devait être psychologique. Mon corps n’en pouvait plus. J’ai réalisé que je ne voyais plus de sens à ce que je faisais. Je n’allais pas changer le monde. Nos produits étaient à la pointe du développement durable, mais j’ai commencé à perdre mon enthousiasme à l’idée d’aller au travail. Il m’a fallu un an pour prendre la décision d’arrêter. L’oreille a été le choc physique et le révélateur.
Tu avais une idée de ce que tu allais faire?
Pas vraiment. Pour être honnête, j’étais légèrement perdu. J’avais cette envie d’œuvrer pour un monde meilleur, mais je ne savais pas comment agir. Il me fallait du temps et j’ai choisi de rénover une maison de A à Z pendant deux ans. J’avais 29 ans et une intuition me disait de me lancer dans ce projet un peu « fou » et accessoirement d’apprendre à utiliser mes mains. Mes amis se sont moqués de moi, car je ne savais pas me servir d’un seul outil ! J’ai donc tout appris. C’était assez laborieux au départ, mais au bout de six mois, je commençais à me débrouiller. De toute façon, je n’avais pas d’autres choix.
Et tu as réussi?
Oui, la maison a été achevée et revendue avec quelques intérêts. J’ai décidé alors de vivre un autre rêve, celui du surf qui m’a conduit en Indonésie. J’envisageais de me lancer dans un projet de camps pour surfeurs. Sauf que je me suis lassé au bout de quelques mois. Je me suis dit, non sans quelques désillusions : « En fait, ça ne va pas être ça le sens de ma vie. » C’était un peu la déception.
La suite du voyage s’est alors transformée en voyage initiatique ! Je me suis retrouvé à Ubud, à Bali, dans une communauté assez «spirituelle ». Un lieu connu pour les retraites, le yoga et la méditation. On m’a conseillé d’essayer Vipassana, une retraite intense de dix jours comprenant 10 heures de méditation quotidienne. Sûrement l’expérience la plus dure, mais aussi la plus enrichissante de toute ma vie ! 10 jours de silence total, sans stylo, téléphone, ordinateur ou livre. En 10 jours j’ai plus appris sur moi qu’en 30 ans !
J’ai décidé d’approfondir cette expérience sur place et j’ai pratiqué, avec assiduité la méditation pendant 6 mois. J’ai aussi fait des recherches, des formations et des rencontres. C’était un monde nouveau qui s’ouvrait à moi, celui de la Connaissance de Soi. Et une nouvelle perspective. Je me suis dit : « Je pourrais, peut-être travailler, un jour, dans ce domaine ! » J’ai suivi à nouveau mon intuition et j’ai décidé de rentrer en France pour continuer à me former.
Quelles formations as-tu suivies ?
Je me suis inscrit à une formation d’Ennéagramme à Paris, au Centre d’études de l’Ennéagramme (CEE), et là, nouvelle révélation : tant de savoirs et de connaissances extraordinaires transmis autour d’un cercle de participants, de tout âge, dans une ambiance bienveillante. C’était pour moi la complémentarité parfaite avec la méditation. J’ai suivi tous les stages et certifications possibles, dans cette école, en faisant des petits boulots à côté pour les financer, et j’ai élargi mes connaissances en réalisant d’autres formations en hypnose Eriksionienne, en PNL, et enfin en coaching que j’ai exercé pendant 2 ans.
Et puis à force de revenir à des stages d’Ennéagramme en tant que personne-ressource, Éric Salmon, le directeur du CEE m’a pris sous son aile et m’a proposé, un jour, de donner ma première formation. Ce n’était pas évident, car parler devant un groupe n’était pas naturel. Je me suis mis au théâtre, au chant, à la prise de parole en public. J’ai répété des semaines, devant ma glace, et puis le jour J est arrivé… Je me suis senti à ma juste place et, aujourd’hui, encore je prends toujours autant de plaisir à chaque animation.
Mais tu n’animes pas que des formations aujourd’hui?
Et non ! Professionnellement j’avais vraiment trouvé ma voie, mais j’étais moins à l’aise avec mon environnement. Une entreprise m’a sollicité, un jour, pour donner un stage d’Ennéagramme et m’a demandé de trouver un lieu à la campagne. Je suis tombé par hasard sur un centre de permaculture : « Le Bouchot », en Sologne. J’ai adoré les gens qui le tenaient, leurs valeurs, l’esprit de vivre ensemble qui y régnait. Humainement, c’était très riche. J’ai alors décidé de quitter Paris pour m’installer là-bas, pendant 9 mois, et apprendre la permaculture. Puis, j’ai eu envie de faire la même chose, de créer un lieu comme ça, ce qui m’a fait atterrir sur l’Ile de Ré, il y a deux ans.
Comment concilies-tu tes deux activités?
Je continue à donner des formations et on s’est lancé avec un ami dans la création d’un verger de 5000 m2 en permaculture. Un lieu pour sensibiliser aux enjeux environnementaux, pour se ressourcer et pourquoi pas s’émerveiller. Aujourd’hui, je gagne ma vie uniquement avec les formations, auxquelles je consacre environ la moitié de mon activité. Mon revenu actuel est moins important qu’avant, mais c’est un choix : celui de vivre plus modestement et avoir beaucoup de temps pour m’occuper du verger. Je suis heureux de cette vie minimaliste, saine, au contact de la nature et de l’océan.
Je lis l’article : Qu’est-ce qu’un slasheur ?
Qu’est-ce qui te plait le plus dans cette nouvelle vie?
Déjà, faire deux choses différentes m’apporte un réel équilibre ! J’y trouve beaucoup de sens. En permaculture, il y a quelque chose qui se concrétise dans le monde matériel. Planter une graine, récolter les légumes et les fruits, voir un arbre grandir. Le champ, c’est une activité très terre à terre, basique. En plein hiver, dans le froid et sous la pluie c’est parfois laborieux. Mais répéter des tâches en lien avec la Terre, tous les jours, m’apprend aussi la constance et de grandes leçons de vie. Je constate un réel effet sur la nature et je m’en émerveille. Pareil avec les formations. Je remarque de la surprise dans les yeux des gens, ça les touche. Ça a un impact positif sur eux. Et donc sur moi !
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Quand tu regardes ton parcours que te dis-tu?
La vie est surprenante. Je ne m’attendais pas du tout à en arriver là. J’ai bien fait de m’accrocher et de suivre mes intuitions, même si tout n’était pas logique dans les yeux des autres… c’était mon chemin.
Sur quelles ressources t’es-tu appuyé?
L’enthousiasme ! Que ce soit pour la méditation, l’Ennéagramme et la permaculture, j’étais tellement passionné que je ne comptais pas les heures pour me former. Je dévorais les livres et les formations. Peut-être l’audace également. Quand j’étais responsable commercial, j’étais bien installé. Changer complètement de vie me semblait impensable.
Qu’est-ce qui a été le plus difficile?
Repartir de zéro peut-être. Le regard des autres aussi, qui se questionnaient sur mon changement de vie radical.
Quels conseils donnerais-tu à des gens qui aimeraient changer également?
D’être plus à l’écoute de leurs limites, ce que je n’avais pas fait à l’époque, et de ne pas avoir trop peur de repartir à zéro. En tout cas, pour moi, cela a été une véritable leçon d’humilité ! Et surtout de suivre leurs envies. Dans «envie», il y a «en vie.»
Vous pouvez retrouver Xavier sur son site et le suivre sur son compte Instagram.